Le Dr. Gervais travaille dans des environnements aux enjeux forts avec certains des meilleurs athlètes et hommes d’affaires au monde. Il est célèbre pour son travail dans le cadre du Projet Red Bull Stratos, dans lequel il a permis à Felix Baumgartner de surmonter son anxiété et sa claustrophobie lorsqu’il a enfilé sa combinaison pour réaliser son saut historique à plus de de 36 600 m une hauteur.
Les techniques de méditation, de pleine conscience et de consolidation d’équipe présentées par le Dr. Gervais sont considérées par le coach de Seattle Seahawks Pete Carroll, comme la clé de la victoire de son équipe au Super Bowl 2014. Carroll et Dr. Gervais continuent de collaborer en tant que cofondateurs de Compete to Create, une plateforme digitale permettant aux utilisateurs d’exploiter le meilleur d’eux-mêmes grâce à un travail approfondi sur leur état d’esprit. Le Dr. Gervais nous dévoile ci-dessous les connaissances qu’il a acquis en travaillant avec les meilleurs au monde.
Dr. Gervais, vous avez travaillé avec certains des individus et équipes les plus performants dans leurs domaines. Quels sont les facteurs communs que l’on retrouve chez ces spécialistes, plus différents les uns des autres ?
Bien que nous n’ayons pas encore trouvé de fil conducteur parmi ces personnes, il est possible de noter un ensemble de traits communs. L’un d’entre eux est le fait qu’ils sont incroyablement conscients de leur expérience intérieure et ont une forte maîtrise de leur art. Nous avons découvert qu’ils sont conscients de leurs pensées, leurs émotions, leurs sensations et de l’environnement dans lequel ils évoluent. Ils ont la capacité de réorienter leur trajectoire lorsque leurs actions, pensées, ou même leurs mots ne sont pas cohérents avec leur but.
Des athlètes On d’élite tel que Javi Gomez repoussent continuellement leurs limites en allant vers l’inconnu et en s’imposant de nouveaux défis. Quelles leçons peuvent-ils nous enseigner ?
Nous avons appris que les plus grands athlètes du monde courent en repoussant les limites de leurs capacités physiques, techniques et émotionnelles et récupèrent de manière exceptionnelle. Ils organisent leur vie de façon à repousser leurs limites chaque jour. Dépasser nos limites, veut dire aller vers l’inconnu, être sur le fil du rasoir. Pour beaucoup, cet inconnu est accompagné de doutes concernant les compétences requises pour répondre à ces exigences. Cela crée tellement d’anxiété que certaines personnes se tournent vers quelque chose de plus confortable – rester dans l’univers du connu. Et ceci ne nous différencie pas des autres. La recette de l’extraordinaire est d'aller jusqu’à repousser ses capacités, puis récupérer.
Les traditions anciennes ainsi que toutes les religions de ce monde nous apprennent que le moment présent est par définition en train de se dérouler, imprévisible et inconnu. Vivre le moment présent est donc l’antidote pour renforcer ses capacités à affronter l’inconnu. Et c’est là que le travail sur la mentalité et la pleine conscience en particulier, devient un atout majeur pour ceux qui souhaitent explorer leur potentiel.
Le podcast Finding Mastery : l'athlète On Javier Gómez vs. le Dr Michael Gervais
Les aspects mentaux de la performance peuvent-ils être travaillés comme les aspects physiques ?
Il n’existe que trois choses sur lesquelles nous pouvons travailler en tant qu’humains : notre art, notre corps et notre esprit.
"Fini le temps où les personnes éminentes de ce monde laissaient le hasard déterminer leur état d’esprit."
La plupart des gens travaillent entre 20 et 40 heures par semaine. Que ce soit dans le cadre d’une profession classique de 9h à 17h, ou qu’il s’agisse d’un athlète professionnel. Mais pour la majorité, il s’agit d’un travail technique. Alors imaginons que vous courez ou allez à la salle de sport quasiment tous les jours, cela en résulte cinq heures d’entraînement physique par semaine. Mais quelle en est la part de travail mental ? Se concentrer sur sa respiration par exemple. On le délaisse totalement la plupart du temps.
Pour commencer, 10 minutes de travail mental par jour représente déjà un investissement significatif. Puis pourquoi ne pas passer à une heure par jour ? Ce serait très bien, mais cela signifierait changer notre approche générale du travail et de l’entraînement. C’est audacieux, mais je prédis que dans 15 ans nous ne nous entraînerons plus du tout comme aujourd’hui. Nous serons beaucoup plus sophistiqués en ce qui concerne la manière d’utiliser notre mental pour optimiser ce que nous faisons.